HENRI-JEAN CLOSON
01-02-2024 > 30-03-2024
Le pionnier belge de l’abstraction à redécouvrir au 37 rue Vaneau Paris
Nous nous réjouissons d’exposer, du 1er février au 30 mars 2024, un large choix de toiles, peintures sur bois, dessins et sculptures de l’artiste issus majoritairement des années 30 et postérieures. Après l’expressionnisme vibrant des premières toiles en Belgique, les premières interprétations colorées du clair-obscur de Rembrandt, les premières peintures abstraites, Closon conquiert un style très reconnaissable qui garde mémoire des oeuvres précédentes en en tirant des leçons. C’est avec grand plaisir que nous le mettons aujourd’hui à l’honneur, à travers une sélection d’une beauté irradiante.
Henri-Jean Closon a travaillé auprès de personnalités majeures de l’histoire moderne, telles que Delaunay, Kupka, Herbin, ou Mondrian dont il fut un ami intime. Ce mélomane interlocuteur de Maurice Ravel, écrivain plein d’humour et peintre passionné par les rapports de couleurs a été exposé de son vivant dans les musées de Liège et Grenoble, et est représenté au sein de collections réputées comme celle du Musée d’art moderne de Paris.
Vues d’exposition, © Matthieu Lombard 2024
« Le rythme est donc créateur »
Henri-Jean Closon dans Les couleurs des souvenirs,
Émission « Hors Texte », dir. Jean Antoine, 1988
Au premier rang des innovateurs qui marquèrent la peinture du début du XXème siècle, Henri-Jean Closon, artiste d’origine liégeoise attiré par le rayonnement de Paris à la suite de la première guerre mondiale, devait rejoindre la capitale dès 1918 et développer une approche non-imitative de ses sujets. En France, il travaille auprès de personnalités majeures de l’histoire de l’art moderne, telles que Delaunay, Kupka, Herbin ou Mondrian dont il est aussi un ami intime.
La peinture de Henri-Jean Closon, extrêmement vivante et lumineuse, est le résultat d’un travail passionné de la couleur qu’il ne cessera de décrire à travers une série d’analogies musicales, au moins à partir de sa rencontre avec Maurice Ravel à Antibes à la fin des années 1920. Il transpose spatialement les règles du rythme et de la cadence, en organisant couleurs et lignes sur ses toiles, ses panneaux de bois mais également en sculptant le bronze ou le cristal.
S’il crée en précurseur durant l’entre-deux-guerres, il témoigne très vite d’une lucidité étonnante et d’un recul à l’égard de l’art abstrait tel qu’il progresse à Paris ; il pressent qu’il se changera en une mode dont les marchands d’art tireront un profit suspect, et qu’il flattera bientôt le bon goût. Closon décide de se retirer à Voiron en 1936, où il donne libre cours à ses intuitions et approfondit sans obstacle une recherche tant picturale que spirituelle, qui n’a plus à s’encombrer d’une distinction uniquement formelle entre peinture abstraite et peinture figurative : « Il n’y a pas un art abstrait et un art figuratif. Il y a l’art tout court » (Entretiens avec Closon sur l’art, l’homme et la vie, recueillis par Jacques Billot, S.F.P., 1964). Sa découverte selon laquelle la couleur, lorsqu’elle rythmée et cadencée, évoque des figures (réelles, ou canoniques (christs et madones)) et rejoue un secret déjà inscrit dans le paysage naturel, pouvait seule satisfaire cet infatigable observateur de la nature.
« Je travaille quelquefois un an sur un tableau, en me levant à l’aube car il faut se lever avant que le soleil ne touche la terre si vous voulez véritablement voir le jeu des valeurs, si l’irradiation de la matière vous intéresse (…) Vous êtes dans l’atelier, comme le chasseur guette son gibier le matin. Alors une couleur apparaît, une deuxième, une troisième, ça continue, alors vous voyez vivre votre tableau, et ça ne dure pas longtemps, ça dure quinze, vingt minutes, trente minutes tout au plus, et malheur à celui qui n’a pas vu »